Martine Caplanne a l'art de nous faire découvrir le chant intime des poètes, poètes d'hier et d'aujourd'hui, qu'elle enveloppe
d'une voix sauvage, déchirante dans ces mots meurtris de la révolte et de la douleur où le chant, dans sa beauté, devient notre délivrance.
Marie-Claire
Blais (Québec) - Prix Médicis 1966
Ce qu'exprime la voix de Martine Caplanne est pareil à la lumière sur les vitraux,
sa joie de chanter passe toute peine et l'arrache au chagrin comme à l'ennui ; en l'écoutant nous n'appartenons plus qu'au plaisir de l'entendre. Ses paroles s'ordonnent et coulent en bronze dans l'étendue. Si notre bonheur est parfois
dans nos souvenirs cette voix de jeune femme Fait danser une à une les Figures du silence pour révéler les amours des jeunes années avec notre âme elle-même, c'est un jaillissement solaire qui nous montre en un instant
toute notre vie avec son ciel et son enfer. Mais dans la voix d'une grande chanteuse émerge toujours le destin, il nous Fait face soudain et nous prend à la gorge. Nous demandons alors asile à cet art généreux comme pour
y puiser des forces secourables ; dans la voix de Martine, à ce moment, vient parfois le mystérieux parfum d'un bouquet de cyclamens qui embaument nos heures.
René-Jean
Clot - Prix Renaudot 1987
Martine Caplanne chante René Guy Cadou depuis 1976. En le découvrant,
elle a découvert. un frère qu'elle n'aurait pas connu. II lui apporte une parole qui dit la souffrance, l'écorchure, la brisure, la source. Elle lui apporte sa musique, sa voix qui entraîne le poème vers les autres, vers tous
ceux qui partagent désormais, un univers poétique au plus près du cœur, au plus près de l'âme, La souffrance mais aussi la joie nourrissent un chant que chacun reçoit avec une émotion qui se propage comme
un feu de forêt, bien au-delà du point central, silhouette blonde et fragile de funambule ou de tragédienne qui semble tout droit surgie du mystère de la "Strada".
Hélène
Cadou
La Poésie de René Guy Cadou, profondément lyrique, appelle la musique, Martine Caplanne
y jette sa foi, son souffle, sa ferveur. Le résultat est étonnant, superbe : sa voix rauque et grave recrée le rythme et l'harmonie d'une poésie qui conjugue avec bonheur, le mouvement des saisons et celui du cœur, le changement
incessant de la nature et les surprises toujours émerveillées de l'échange amoureux. Elle offre aux mots une charpente sonore qui invite au voyage dans le poème et par le poème : la beauté n'est ni froide, ni figée,
parfois elle déchire de façon salutaire les convictions toutes faites, d'autres fois elle oblige à descendre dans l'envers du poème, là où le désespoir et la tendresse battent à l'unisson comme le pouls
ordinaire de l'émotion.
Louis Dubost - Le Dé Bleu éditeur
Ceux qui nous chantent, hélas, nous font souvent… déchanter. On a mis "nos" mots sous "leurs" notes pour un mariage de raison. Avec Martine,
le mariage est d'amour. Elle n'y peut rien : les poètes la font chanter. Comment ne pas respecter qui vous respecte tant ? Ajoutez un public et tout le monde finira par aimer tout le monde. Merveilleuse utopie d'un soir, poésie...
Yves Heurté - Prix 12/17 Montréal
Martine ne se sert pas du poème, elle le sert, avec modestie, simplicité, mais sans frilosité : elle sait donner de la voix quand l'image le mérite, ne tombe jamais dans la démagogie des effets lyriques convenus, peut
se faire douce, âpre, passionnée, sensuelle ou déchirante selon ce qu'elle sent, elle, ce qu'elle croit, elle, devoir mettre en exergue dans les multiples "vérités" du poème. C'est qu'elle sait ce qu'elle veut, ce qu'elle
aime !
(...) Avec sa guitare, sa voix grave et tendre, Martine traite les poètes avec fraternité, je veux dire cette fidélité inventive
qui respecte la voix d'une femme, d'un homme, en sachant répercuter en nous ses échos. Elle figure pour moi ce que doit être tout interprète de la poésie: un poète soi-même.
Michel Baglin - Prix Max-Pol Fouchet 1988
Je dirai simplement combien
j'étais ému lorsqu'elle m'a chanté, non par vaine gloriole..., mais par mon propre texte, les phrases étaient les miennes et donc elles étaient moi, pourtant elles étaient autres, bien plus helles et plus tristes...
et c'était à la fois déroutant et charmant et troublant car je n'étais plus moi, j'étais bien plus que moi. C'est ce que, je crois, on appelle "être enchanté" au sens premier et le plus fort du terme. Alors,
Martine Caplanne, une fée ? Je le pense et que, comme l'indique le titre que j'ai choisi, nous sommes tous un peu "fadas". (fada : mot occitan signifiant "qui croit aux fées").
Jean-Pierre Metge
Une amie est vivante.
Du fond de la nuit les oiseaux s'invitent à la fenêtre. c'est un petit miracle, l'eau des jours qui nous saoule.
On entend l'ombre des nuages caresser une femme. L'enfance entr'aperçue au détour d'une rue
Et qu'on croit reconnaître. Dans nos yeux fatigués,
c'est l'océan qui roule les galets de sa voix,
le cadeau de sa voix, Martine chante. L'heure est à arrêter les horloges. II n'est plus temps du temps.
Et, bien après qu'elle a repris sa guitare, son chemin et son troupeau de poètes, dans la fumée effilochée,
quand les araignées ressortent des fissures, un verre tinte, un baiser claque, une amie est vivante.
Philippe
Marie Bernadou
Elle a, pour dire les poètes,
cette voix grave, un peu rauque,
à fleur de larmes,
qu'elle nourrit de la chaleur des cèdres,
que torture le vent basque,
sa guitare étoilée dans les mains.
Elle a traversé tant de deuils,
tant de doutes.
Elle cherche, au soleil trop brûlant
des terrasses marines,
tous les visages amis que le ciel lui renvoie.
Nous nous reconnaissons
dans les moindres accords de son chant :
la corde fraternelle,
même usée par le temps,
tient bon,
même dans les silences.
Elle nous fait de grands signes par-delà les saisons.
Nous la savons ancrée à la corniche,
à cette âme soeur qui veille sur elle
toujours solide par temps de froid,
prête à donner ses forces encore pour un vers de Cadou,
de Lorca,
à
faire vibrer de par le monde.
Pascale Roche